Le Tarot a une histoire très intéressante. En tant qu’outil divinatoire, son histoire est pleine de mystères et de secrets. Dans cet article, je vais faire de mon mieux pour te donner un rapide aperçu de cette riche histoire.
On sait aujourd’hui que le Tarot trouve ses origines dans l’Italie du XIVe siècle. Mais l’examen des différentes légendes suscite un sentiment d’émerveillement qui rend leur étude intéressante.
Les mythes et légendes de l’origine du Tarot
L’intuition de Court de Gébelin et le tarot Egyptien
Dans son livre « Le Monde Primitif« , l’auteur français Court de Gébelin a avancé l’idée que le Tarot provenait de l’Egypte ancienne.
Jusqu’alors le tarot était un jeu de cartes et c’est ainsi pour la première fois que nous trouvons une description du sens caché des cartes de Tarot et de leur utilisation pour la divination.

Selon l’auteur du XVIIe siècle, le Tarot est le seul livre que nous aient laissé les anciens Égyptiens.
Mais il ne nous donne aucune véritable preuve si ce n’est son intuition pour justifier cette découverte.
Il présente le fait que le Tarot est basé sur le chiffre sept et que celui-ci était important pour les Égyptiens :
- Dans un jeu de Tarot, trois séries de sept cartes constituent les arcanes majeurs (plus la carte du Fou numérotée 0).
- Chaque couleur est composée de deux fois sept cartes (10 cartes numéraires et 4 cartes de la cour).
- Et il y a 77 cartes plus une carte portant le chiffre 0.
Il nous apprend également que de nombreuses cartes faisaient certainement référence à des mythes égyptiens. Le Hiérophante par exemple, ou les quatre couleurs représentant les quatre classes qui divisaient le peuple égyptien.
Selon l’auteur, même le nom est égyptien. Tar signifie « chemin » et Ro signifie « royal », le Tarot serait donc le « chemin royal de la vie ».
Le Tarot de Thot, Etteilla et l’initiation égyptienne
À la suite de Gébelin, Etteilla a popularisé la divination par le Tarot auprès d’un large public.
Il a également développé l’idée de Gebelin sur l’origine égyptienne du Tarot dans un autre livre, « Manière de se récréer avec le jeu de cartes nommées Tarots » en 1785. C’est le premier livre à décrire les méthodes de divination par le Tarot.
Il a également publié son propre Tarot, le Tarot Egyptien, qui a énormément changé la structure traditionnelle du Tarot.
Etteilla a affirmé par ailleurs avoir été initiée à l’art de la cartomancie en 1751, bien avant l’apparition de l’ouvrage de Court de Gebelin.

En dehors de ces auteurs, d’autres récits ont été avancés pour confirmer l’histoire du Tarot dans l’Egypte ancienne.
On lit parfois que les 22 arcanes majeurs étaient peints sur des piliers situés sous le grand sphinx. Les disciples entraient dans la chambre et recevaient la signification ésotérique de chacune des figures. Ils étaient ensuite conduits dans les profondeurs des tunnels pour être initiés.
Nous pouvons parfois aussi lire des histoires sur la façon dont le dieu Thoth lui-même (également connu sous le nom d’Hermès ou de Mercure) avait créé le Tarot.
Les Bohémiens et leur bible des bibles
Étroitement liée à cette histoire du Tarot, on retrouve souvent l’idée que les Bohémiens étaient les gardiens de ce savoir égyptien.
L’occultiste français Papus (Gérard Encausse) écrit :
Les Bohémiens possèdent une Bible, qui s’est révélé être leur moyen de gagner leur vie, car elle leur permet de deviner l’avenir ; en même temps, elle a été une source perpétuelle d’amusement, car elle leur permet de jouer. Le jeu de cartes appelé Tarot, que les Tsiganes possèdent, est la Bible des Bibles. C’est le livre de Thot Hermès Trismégiste, le livre d’Adam, le livre de la Révélation primitive des anciennes civilisations.
Cette affirmation repose sur l’idée fausse, mais largement répandue selon laquelle les Tziganes résidaient à l’origine en Egypte, avant d’émigrer en Europe au XVe siècle.
En fait, les preuves historiques et la tradition tzigane indiquent que leur point d’origine se situe quelque part en Inde.
De plus, l’histoire indique que les cartes de tarot étaient déjà utilisées en Italie lorsque les Tziganes sont arrivés en Europe. Le fait est que les Tziganes n’ont commencé à utiliser les cartes dans leur pratique divinatoire que lorsqu’il est devenu évident que le public attendait cela d’eux.
Sauver la sagesse de la destruction

Il existe une autre légende qui situe la création du Tarot au moment de la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie.
Lors du sac romain de cette ville, des érudits auraient décidé de se réunir. Ils auraient rassemblé toutes les connaissances ésotériques avant la destruction des bibliothèques.
Ils auraient ainsi créé des cartes d’apparence innocente qui pouvaient échapper à l’attention des conquérants et du public, préservant ainsi les anciennes connaissances pour les générations futures.
Une autre version de cette théorie nous dit que les Tarots seraient les pages restantes des livres qui n’ont pas brûlé dans l’incendie des bibliothèques.
Un livre d’images, la communauté multiculturelle de Fès
Après les incendies d’Alexandrie, la ville de Fès au Maroc devient la capitale intellectuelle du monde.
Une autre histoire raconte alors qu’une communauté multiculturelle d’hommes érudits s’y est réuni vers 1200 après Jésus-Christ.
Dans le but de créer un langage universel, ils ont élaboré un livre d’images contenant des symboles mystiques.
Ce livre est devenu un paquet de cartes. Ils auraient utilisé le système relativement simple de chiffres et de lettres fourni par la Kabbale, la Sagesse secrète d’Israël.
Paul Foster Case ajoute également qu’il s’agissait d’un développement d’idées fondamentalement identiques à la sagesse enseignée dans les écoles secrètes de Chine, du Tibet et de l’Inde.
L’Histoire de l’origine du Tarot
Des cartes à jouer au Tarot
Les cartes à jouer sont nées, pour autant que nous le sachions, en Chine, sous la dynastie Tang, au IXème siècle de notre ère. En 868, la fille de l’empereur, la princesse Tongchang, a été vue en train de jouer au « jeu des feuilles ».
Deux cents ans plus tard, les cartes ont atteint l’Egypte. Des fragments y ont été trouvés et on pense qu’ils datent de la fin de la période fatimide, de la période ayyoubide et du début de la période mamelouke, aux XIIème et XIIIème siècles.

Les cartes à jouer apparaissent pour la première fois en Europe dans les années 1370, probablement en Italie ou en Espagne.
Le dessin arabe est alors européanisé pour devenir les couleurs des épées, des bâtons, des coupes et des deniers.
Les cartes de cour deviennent le roi, la reine, le cavalier et le valet. Comme leurs originaux, les premières cartes à jouer européennes étaient peintes à la main, souvent terminées aux feuilles d’or, ce qui en faisait des objets de luxe pour les nobles.
À peu près à la même époque, Pétrarque écrit le poème I Trionfi, en partie alors qu’il se trouve à la cour des Visconti à Milan. Le concept d’une procession de figures allégoriques « triomphant » ou défaisant la figure précédente était à la base du jeu de Trionfi.
Des décennies plus tard, Francesco Sforza, le futur duc de Milan, épouse Bianca Visconti à Milan.
C’est peut-être à cette occasion que le jeu de tarot Cary-Yale a été commandé. Connu comme le plus ancien jeu de tarot encore existant, il a été terminé vers 1440.

La naissance du Tarot de Marseille
Au cours des XVème et XVIème siècles, les cartes de tarot sont devenues très populaires et étaient imprimées dans toute l’Italie et la France.
En 1660, Jean Noblet publie le premier jeu de Marseille que nous connaissons, il forme la base du modèle de Tarot nous connaissons aujourd’hui.
En 1714, à Lyon, le jeu Dodal est publié. C’est un jeu de transition entre le Noblet et le Tarot de Marseille moderne.
En 1734, Chosson de Marseille imprime un jeu qui devient le modèle des jeux de Tarot de Marseille grand public.
Enfin, en 1760, le jeu de Conver devient le Tarot de Marseille standard. Il sert de base aux jeux contemporains de Fournier, Grimaud et d’autres.

Le tarot devient ésotérique
Ce n’est qu’en 1781, dans le livre de Court de Gebelin, que l’on voit le tarot lié à l’Egypte ancienne et à une tradition ésotérique. En plus de l’idée qu’il était utilisé pour la divination.
Etteilla publie le premier manuel de lecture du tarot et produit également le premier jeu ésotérique illustrant les enseignements hermétiques. Il est aujourd’hui imprimé sous le titre Le Grand Etteilla par Grimaud.
En 1856, Eliphas Levi, connu pour avoir fait renaître la tradition ésotérique occidentale, publie « Dogme et rituel de Haute Magie ». Ce texte est une grande synthèse de la tradition magique occidentale et accorde au Tarot une place importante. Il lie également pour la première fois publiquement le tarot à la Kabbale, la mystique juive.
Peu après, en 1861, l’occultiste anglais Kenneth Mackenzie rend visite à Eliphas Levi à Paris et s’en inspire pour créer le “Cipher Manuscript” et le “Livre T”. Ces textes deviennent la base des enseignements de l’Ordre hermétique de l’Aube dorée (Hermetic Order of the Golden Dawn) et la base du Tarot anglo-américain.
William Westcott et S. L. Mathers ouvrent l’Ordre hermétique de la Golden Dawn en 1888 après avoir obtenu les documents de MacKenzie.
L’Ordre hermétique de la Golden Dawn n’a pas partagé son tarot et ses textes avec le public avant le XXème siècle. Les maîtres du temple gardaient le jeu pour eux et ne le prêtaient qu’aux initiés pour qu’ils le recopient à la main.
Pendant ce temps, en France, Oswald Wirth publie en 1889 son jeu contenant uniquement les arcanes majeurs. Il l’a conçu avec l’aide de Stanislas De Guaita en s’inspirant des descriptions de Levi. Ce dernier avait pourtant l’intention d’illustrer un Tarot, mais n’a pu créer que deux arcanes Majeur, le Diable et le Chariot.
La même année, Papus publie le « Tarot des Bohémiens », qui codifie les enseignements de Levi sur le Tarot.

Les jeux de Tarot de Waite, Foster et Crowley
En 1909, E. A. Waite, avec l’aide de l’artiste Pamela Coleman Smith et de la société Rider, publie le jeu Rider-Waite-Smith.
Waite a publie également un livre d’accompagnement, « The Illustrated Key to the Tarot » (La clé illustrée du tarot).
Ce Tarot s’éloigne complètement du Tarot de Marseille. En particulier, les arcanes mineurs ne montrent pas une série de symboles pour les couleurs dans un motif géométrique, mais dépeignent des scènes à l’instar des cartes des arcanes majeurs. Ce Tarot est le plus populaire aujourd’hui et constitue la base de presque tous les Tarots modernes.
Une décennie plus tard, en 1920, Paul Foster Case fonde la B.O.T.A., dont les enseignements sont largement basés sur la Golden Dawn.
Il crée un tarot en noir et blanc, à peindre par le propriétaire, ne contenant que les arcanes majeurs.
Son tarot ajoute une imagerie légèrement plus ésotérique au Rider-Waite, mais les deux jeux de tarot restent presque identiques.
En 1943, Frieda Harris a créé les peintures à l’huile originales pour le jeu de tarot Thoth d’Aleister Crowley. À l’époque, ce tarot n’était pas publié sous forme de jeu, mais était exposé dans une galerie.
Ce n’est qu’en 1970 que le jeu Thoth de Crowley et Harris a été publié à partir de photographies des peintures originales. Ce jeu, l’un des plus populaires aujourd’hui, contient beaucoup de symbolisme ésotérique qui est expliqué dans le livre d’Aleister Crowley « Le livre de Thoth ».

Le tarot Rider-Waite-Smith garde son symbolisme caché à cause du vœu de secret de Waite. Le tarot de Thoth révèle beaucoup plus.
Pour plus d’informations sur les différences entre les jeux les plus populaires, lis mon article, Comment choisir un jeu de tarot et la Liste des noms des cartes de tarot.
Le Tarot dans l’ère moderne
En 1960, Eden Gray a publié son premier livre sur la façon de lire le Tarot, « The Tarot Revealed ». Le tarot devient ainsi accessible au grand public, créant les fondations de sa popularité à la fin du XXème siècle.
À partir de 1970, on assiste à une explosion dans le monde du Tarot, de nombreux artistes créant divers jeux, généralement dérivés du Rider-Waite.

C’est également à partir de cette période que l’on voit apparaître les livres de tarot modernes les plus influents. Entre autres, « Encyclopedia of the Tarot » de Stuart Kaplan en 1978 (aujourd’hui un livre en quatre volumes), « 78 Degrees of Wisdom » de Rachel Pollack en 1980 et « Tarot, an Inner Journey » de Mary K. Greer en 1984.
Aujourd’hui, le Tarot est l’outil de divination le plus populaire en Occident. Mais il est également apprécié en tant qu’outil de développement personnel et pour une utilisation dans divers types de thérapie.
Tu peux trouver un jeu de tarot dans presque toutes les librairies et il continue à gagner en popularité dans le monde entier.
Si tu connais d’autres mythes sur l’origine du Tarot, raconte-les-moi dans les commentaires ! Et si tu veux en savoir plus sur les divers mythes qui entourent le tarot et son utilisation pour la divination, je te recommande mon article sur les 9 mythes les plus populaires du Tarot.
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